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dimanche 9 mai 2010

Témoignage de Santiago Quarneti

-  texte original en espagnol -

Chers amis et étrangers. Donateurs et futurs sponsors. Blogueurs et  "fesboukeurs".

Je ne serais pas fidèle á moi-même si je ne vous parlais pas a ma maniere pour vous conter le voyage et l'expérience.
Il m'a fallu beaucoup plus de temps que je croyais pour le faire.  Pages de Word effacées, boules de papier jetées a la poubelle, Phrases et idés remaniées. Une montagne de mots sans interet.
Penser et ecrire comme si j' avais quelque chose a vendre. Non, impossible. Je n'ai rien de tel a vous donner.
Je n' ai pas le marketing dans le sang.
Je n'ai pas non plus tant d' «amour» pour l'humanité, ni tant de désirs de prospérer ou l' ambition de dire «J'ai aidé, et vous?". Non, non, non.

Ainsi cher lecteur, cher ami ou étranger qui avez, un court instant, pris conscience, le temps d'un clic de souris sur :

Je deviens membre de  PASTOS CHICOS A BESOIN DE VOTRE AIDE


 ... vous n'avez aucune idée de combien d'aide a besoin Pastos Chicos.

Si tout ce que l´on peut faire pour Pastos Chicos se limite a ce que nous faisons en ce moment en Argentine,  les gens du village continueront a manquer et a souffrir, cheminant pendant des heures, des jours, des semaines, des mois dans les merveilleuses et desertiques montagnes de la Puna argentine.

Je revois Madame de Quispe avec ses sandales, ses collants déchirés et son poncho fuchsia.

- Madame ... un poncho fuchsia. Vraiment, vous croyez ...?.
- Et oui, Inconnu, Etranger, Don, Seigneur, Conquistador, Voleur.
  Bien sûr que si, dans la mesure ou j ai pu faire un trou au milieu et me l enfiler autour du cou
  ... Bien sûr que si, dans la mesure ou il me protege du vent qui souffle a 60 km/h.
  Bien sûr que si, Terrible Seigneur qui arrive a peine a respirer et a te proteger du froid.
  La Pachamama te burine deja le visage et les lèvres, Seigneur.
  Je ne veux pas t' embrasser. Je veux te tuer ...


La proposition de Pat fut tentante. Bonne. Intrinsequement bonne.

Le voyage et la spirale relationnelle vécue avec la communauté indienne depuis notre arrivée a Pastos Chicos jusqu'à notre départ avec un passager clandestin (Darío, joyeux anniversaire!) furent incroyables, generateurs d'espoir, enrichissants et instructifs.

Mais il y reste tant de travail à faire. Et nous sommes si peu.
Le froid est penetrant. Chaque nuit , les flaques d' eau se transforment en glace . Des 6 robinets d'eau du village, aucun ne se peut utiliser le matin. Une fois que le soleil les a rechauffe suffisamment si .
Mais cette eau est contaminée par l'arsenic et le bore.
Elle ne peut pas s' utiliser pour boire ou cuisiner.
Il n y a pas de toilettes modernes dans le village, a part dans l ecole et l infirmerie.
Celles de l ecole sont hors d usage et celles de l infirmerie fuient.
Il n'y a aucune douche non plus dans le village. Pas d'eau chaude sauf celle que l on chauffe sur la cuisiniere a bois de tola. Le Tola est un arbuste du desert qui pousse partout. Mais de moins en moins. Manque de pluie et action humaine.

La compagnie des Eaux de Jujuy livre chaque semaine par camion-citerne de quoi remplir 6 reservoirs de 800 l chacun.

Un enfant me demande;
- Le chlore tue les têtards?
- Je ne sais pas. Je l' admets. Je ne crois pas. Pourquoi?
- Dans l'eau qu'ils apportent,  il y a parfois des têtards.

Cette eau, elle, est utilisée pour boire et cuisiner.

Désolé, nous aussi on l'a utilisé pendant le temps que la Puna fut notre mère.
Sévère, douloureuse, impatiente, aimante.

À l'école, les enseignants font un travail inestimable.
Éduquer. Éduquer. Éduquer. Et avec rien ...
Et avec beaucoup d'efforts, de sacrifices, de vocation et d'amour. Ca compense.
Mais les objectifs sont flous faute de moyens, de wi-fi, de livres, d' espoirs.

Les hommes on en a vu tres peu. Ils travaillent dans les mines, loin de chez eux.
Les femmes élèvent les chèvres, les lamas et les moutons.
Ca suffit a peine pour nourrir leurs sept enfants en moyenne.

Ceux-ci, quand ils deviennent adolescents se transforment soit en parents, soit en  bergers, ou quittent la maison pour continuer l'école. Abandonnent le foyer pour ne pas laisser tomber leur famille.
Il n'y a pas d'ecole secondaire a Pastos Chicos..

Le vent et la terre sont omnipresents, Majestes. Ciel clair. Absence de nuages et d'oxygène.
J'ai la tête coincée dans un étau et Dieu qui semble avoir oublie ces gens, le serre, le serre, le serre.





Et Darius qui vient d avoir 21 ans. Sa fille et sa femme vivent à San Antonio de los Cobres. Il travaille à Susques. Ses parents vivent a Pastos Chicos.
Des heures d'attente, de poussière et de résignation pour faire l' aller-retour. Mais il est né dans un de ces refuges au pied des sommets ou vit son père, ou vivait son grand-pere et le grand-pere du grand pere et ainsi de suite ...
Dario a progressé. Il est chauffeur. Progressé?
Dario n'a pas faim. Mais je le demande encore. Progressé?

Le Chef du Conseil Municipal est un homme simple avec des idées claires. Un combattant. Il a la force de ses ancêtres dans ses yeux d'un noir profond.
Il s'est confié le dernier jour, presque à la fin du voyage. Il nous a confié les projets qu'il voudrait réaliser avec nous.

Améliorer le sang des betes avec de nouveaux reproducteurs.
Descendre de l'eau «bonne» des sources qui se trouvent dans les montagnes.
Terminer les travaux de la Salle des Fêtes et la Boutique des Artisans.
Faire des douches publiques avec un système solaire pour donner de l'eau chaude.
Pouvoir recevoir des touristes. Des jeunes avec leur sac a dos (les jeunes, c'est un endroit où aller avant de mourir, croyez-moi).
Cette auberge servirait pour les personnes âgées et les malades en cas de besoin.
Enfin avoir suffisamment d'electricité. Pour utiliser des machines.

Pouvons nous répondre aux attentes de ces personnes?
Ou sommes nous trop occupés à nous retourner dans notre propre crasse?
Recevrons nous de l'aide ou sommes-nous notre seule aide ?

Je n'oublierai jamais cet enfant qui m'a demandé avec le visage grave:


-Quand revenez-vous, Seigneur?
 Je ne savais pas s'il fallait répondre par la vérité. J'ai décidé de ne pas le faire.
- Dans trois mois, ai-je dit. Une fois l'hiver passé.

Cela dépend de vous tous.



Santiago

Buenos Aires, le 9 Mai 2010



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